Les volcans créent-ils de la bonne musique ? Hanna Hartman voyage, enregistre tout et en tire des pièces d'ambient expérimental. Ainsi ce CD partagé entre « Longitude 013°26'E », fait de sons d'un bateau en mer, et « Cratère », ¦uvre née sur l'Etna. Mais ces bruits de nature peuvent-ils vraiment s'écouter ? Par Ariel Kyrou Pour John Cage, le silence n'existe pas. Et c'est pour ça qu'il en a toujours cultivé l'élégante substance. Sa célèbre pièce de 1952, « 4'33 », exige ainsi des musiciens qu'ils posent leurs instruments et arrêtent de jouer pendant quatre minutes et trente-trois secondes. Le temps de percevoir le grincement du plancher, la pulsation des corps, le frottement des mains ou encore la rue, au loin, se rappeler à nos oreilles qui ne savent plus qu'entendre au lieu d'écouter. Jeune artiste suèdoise expatriée en Allemagne, Hanna Hartman pourrait être la petite-fille de John Cage. Son album, Longitude / Cratère (Komplott, www.hannahartman.de) n'est constitué que de deux longs morceaux conçus à l'air libre : à partir d'un enregistrement au c¦ur de la Mer Baltique pour l'un, sur le volcan de l'Etna pour l'autre. Ce dernier, Cratère, est bizarrement le plus fluide des deux, celui dont on se dit qu'on pourrait le mettre sur sa platine sans risquer d'effrayer ses proches. A la façon du regretté Luc Ferrari dans son bien nommé Presque rien, Hanna Hartman s'y amuse du vrai faux silence. Car les cailloux balladeurs de l'Etna, les insectes paumés au-dessus de l'abîme et ce vent aux airs de dieu païen ne sifflent pas dans le vide. Sous l'apparence de nature se cachent une poésie de la coupe et du montage, une belle orfèvrerie de la matière sonore et de rares et discrets instruments. La nature joue d'étranges compositions, certes, mais à condition de se jouer d'elle.

