On connaît l'attirance du label suédois Komplott pour les matières sonores organiques, les vibrations boisés qui s'entrechoquent dans des ébats chaotiques de collages meurtris, de joutes électro-acoustiques impromptues. Cet Alianthus, de l'artiste sonore scandinave Hanna Hartman, ne déroge pas à la règle et conserve cette approche primitive dans la manipulation du document sonore qui colle à l'image du label. A la différence de son précédent témoignage audio, Longitude/cratere, qui retransposait certaines expériences de voyage de la compositrice dans des pièces circonscrites à cet effet (la montée de l'Etna notamment), Alianthus se veut plus énigmatique en traçant des lignes de correspondance tendues et sybillines entre différents enregistrements alternant l'humain, l'animal et l'abstrait. Entre gémissements de vache, bruits de mouche et de bouche, et zig-zag sonique (\"Wespen vesper\"), l'écoute se fraie un passage pour le moins caustique dans cet expérience sonore constellée de chausse-trappes et de sous-entendus. Pas besoin de s'installer dans la durée, même les formats les plus courts, comme ce \"Plätmäs\" de trois minutes suffisent à retranscrire l'incongruité magique qui règne dans ces lieux. Et qui finit par donner au disque des faux-airs de bande-son recomposée pour film désaxé (le Delicatessen de Caro et Jeunet conviendrait, ma foi, très bien).
