Hanna Hartman est une voyageuse. Suédoise de son état mais habitant en Allemagne elle parcourt le monde à la recherche de nouvelles sonorités. Il est parfois difficile de soupçonner que le moindre grincement puisse devenir une forme musicale. Ce n¹est pas aussi évident pour tout le monde. Certains esthètes des bons goûts artistiques jugeront de manière définitive ce disque d¹Hanna Hartman inécoutable et comme n¹étant que du bruit. On ne comprendra ce point de vue que parce que Longitude / Cratère n¹est pas de la première évidence. Pourtant la Suédoise n¹est pas la première à s¹engouffrer dans ce genre de concept. Un concept qui revient à collecter des sonorités dans la nature et de les assembler d¹une manière cohérente afin de leur donner une musicalité qui ne transparaissait pas dans leur état brut. Inutile de dire que nous sommes très éloigné d¹un univers strass et paillettes. Cet album, dont les deux pièces ont été commissionnées par la Swedish Broadcasting Corporation et la DeutschlandRadioBerlin, est le fruit de recherches à partir de deux contextes différents. Sur Longitude 013° 26¹ E les sons recueillis l¹ont été sur des bateaux naviguant quelque part sur la Baltique. Cratère est, quant à lui, le résultat des pérégrinations de la Suédoise sur l¹Etna. Avec ces matériaux de première main Hanna Hartman s¹est engagée dans une voie minimale et concrète ou chaque séquence est comme un bruissement, un chuchotement, un mystère venu d¹outre-tombe ou des plus sombres profondeurs. En tout cas, préparez-vous à pénétrer dans un monde opaque. Si la première pièce représente parfaitement les eaux glacées du grand large nordique et la solitude mortuaire d¹un navire en dérive, la seconde composition est l¹incarnation de l¹abîme dans toute sa splendeur. Si Longitude / Cratère est un disque profondément sombre il est aussi le révélateur d¹une mise en forme sonore de premier ordre. Epaulée par Annette Krebs (guitare préparée) et Robert G.Patterson (cor), Hanna Hartman réussit le pari de créer une musique réellement pénétrante qui, mise à son plus fort volume, est d¹une intensité sans nom.